C’est quoi en fait un « Bobo » ? Petit cours explicatif pour faire un point sur la situation…
1 / Bobo : qui es-tu et d’où viens-tu ?
Tout d’abord, petite piqure de rappel : le terme BOBO est une contraction de 2 termes contradictoires BOURGEOIS et BOHÈME. Le premier désigne une classe sociale supérieure et le deuxième un mouvement anti-conformiste du XIXème siècle qui proclamait un mode de vie au jour le jour, totalement libre et insouciant. Rien que par sa définition, on touche un point sensible et crucial : un bobo est fait de CONTRADICTIONS. Un bobo ressent alors toujours le besoin de concilier des contraires supposés : chic / populaire, individualisme / altruisme, confort / brut, authentique / nouvelles technologies. Il mélange alors des normes bourgeoises à des marges bohèmes : rien que ça! Le terme « Bobo » est ce que l’on appelle un « sociotype » : c’est à dire que l’on tente de caractériser un groupe social selon ses VALEURS plutôt que selon ses caractéristiques socio-économiques ou démographiques, et c’est la où ça se complique…
En s’intéressant de plus près au concept, on se rend très vite compte qu’une définition plus complète est assez floue, variable et très subjective. La notion de « bobo » est utilisé à tort et à travers (surtout dans le milieu politique), et malheureusement, de nos jours, en France, le terme est utilisé en grande majorité de manière PÉJORATIVE pour désigner des personnes aisées qui se proclament de gauche mais dont les actes sont en contradiction avec les valeurs qu’ils défendent. Le plus souvent, donc, le bobo ne s’assume pas comme tel, et être qualifié de « bobo » est très souvent perçu comme une insulte.
Mais, en fait, depuis quand il existe ce mot de « bobo »? Le terme est utilisé pour la première fois dans le livre « Bobos in Paradise » de l’écrivain américain David Brooks publié en 2000 (et oui, 15 ans déjà!)
Pour schématiser, on dit souvent que les Bobos sont les enfants des Beatniks, hippies, soixante-huitards, féministes et autres gauchistes en tout genre et les parents des hipsters (jeunes adultes qui font des études et qui ont des métiers cool et créatifs, politiquement progressistes et adeptes d’une « contre-culture »). Alors plutôt « Bobo » ou « hispter »? Ok, question génération et mode de vie on est un peu (beaucoup!) hispter, mais pour nous, le Bobo, a cet engagement politique, environnemental et social que n’a pas un hipster (et qui est crucial pour nous). Donc, ok : un peu hipster en apparence, mais vrai bobo dans l’âme!
2 / Les valeurs bobos
Nous l’avons vu, un Bobo se définit en grande majorité par ses VALEURS, mais quelles sont-elles ?Un bobo avant toute chose VOTE À GAUCHE (même si le bobo de droite existe, mais en très forte minorité). Il a une idéologie progressiste, libérale, tolérante. Il est ENGAGÉ en matière d’ ÉCOLOGIE, de SOLIDARITÉ, de MÉTISSAGE, d’ANTIRACISME, de RESPECT DES ORIENTATIONS SEXUELLES…. Il est un CITOYEN ENGAGÉ dans la vie de son quartier. Il consomme BIO (dans les AMAP, sur les marchés de petits producteurs, dans les « Ruche qui dit oui » et autres Biocoop), pense DÉVELOPPEMENT DURABLE et RECYCLAGE, il est RESPONSABLE et SOLIDAIRE.
3 / Où vivent les Bobos ?
Un bobo est ouvert sur le monde : il VOYAGE énormément, prône le « MIX & MATCH » des cultures et il est HYPERCONNECTÉ pour être au courant de tout (et si possible avant tout le monde!) Par ce côté « open » le bobo est CITADIN et URBAIN, il aime habiter dans des quartiers populaires et mélangés; le nord-est parisien étant l’archétype d’un quartier bobo. Il vit le plus souvent dans des lofts, des « petites maisons d’ouvriers » ou bien encore des endroits « atypiques » (ancienne usine reconvertie en appartement..) Il vit à Belleville, à So-Pi (South Pigalle), dans le 18ème, 19ème, 20ème ou bien encore en Seine-Saint Denis, à Pantin, à Stains ou à Bobigny. Il adore sa vie urbaine mais il a besoin de déconnecter le temps d’un week-end à la mer ou à la campagne, dans des endroits « authentiques », pour se « ressourcer ». Il part en vacances à Berlin, Amsterdam ou Lisbonne (autres lieux à fort degré de Boboïtude). Il est adepte du « mix & match » aussi en matière d’aménagement d’intérieur : il adore chiner ses meubles chez Emmaus ou dans des vieilles brocantes, il est fou d’ « indus » et de « design scandinave » et n’hésite pas à payer une fortune un luminaire design de chez Merci ou Fleux.
Le bobo a une réelle volonté de MIXITÉ SOCIALE souvent perçue de manière très néfaste engrangeant le problème majeur que l’on reproche aux bobos : la GENTRIFICATION. Pour faire simple, la gentrification est le phénomène qui se produit quand plein de bobos décident de s’installer dans un quartier populaire (et donc très peu cher). Irrémédiablement ils changent le quartier, font malgré eux augmenter le prix des loyers et du coup chassent les anciens habitants « de souche » qui financièrement ne peuvent pas suivre. On reproche très souvent aux bobos d’être « gentrifieur », mais on ne voit que le côté négatif. Ne l’oublions pas, un bobo est avant tout une PERSONNE ENGAGÉE qui, dans la plupart des cas, fait progresser une nouvelle société civile de par ses exigences en matière d’environnement, de transports, d’équipements publics, de vie culturelle…
4 / la culture bobo
Le Bobo est une personne au CAPITAL CULTUREL ÉLEVÉ, qui exerce souvent d’ailleurs un métier dit « créatif », ou, à défaut, appartient à une catégorie socio-professionnelle élevée : cadre de la fonction publique, profession intellectuelle… En ces temps de crise, le revenu n’est quasiment plus un critère pertinent pour définir un bobo. La « culture bobo » est donc très « open » est peut être considéré comme une forme moderne de la culture française traditionnelle.
Concrètement ça donne quoi ? Le Bobo adoooore la vie culturelle plus que tout : il passe ses week-ends dans des musées (d’art contemporain le plus souvent) ou encore mieux, dans des galeries. (petite liste non exhaustive des endroits culturels typiquement bobos : le 104, la Gaîté Lyrique, le Palais de Tokyo, la Galerie Thaddeus Roppac….) Il est abonné à Télérama et auxInrocks. Il écoute France Inter et Radio Nova. Il a un abonnement UGC pour ne surtout pas louper les dernières sorties ciné (de préférence les « films d’auteur » et de manière générale, tous les films primés à Cannes). Il fréquente assidument les salles de concerts.
En matière de gastronomie, nous l’avons vu plus haut, le bobo est adepte du bio et dudéveloppement durable. Il fréquente alors les épiceries fines et autres « caves à manger »,petits cavistes et cafés (où le café est torrifié sur place bien évidement!). Il est exigeant envers la qualité de ce qu’il trouve dans son assiette. Il adore les « néo-bistrots » et la « bistronomie ». Pour lui, un bon resto, est un resto « authentique », qui « a une âme » et dont les produits sont « frais et de saison ». Vous trouverez donc forcément des Bobos dans des endroits comme le Ground-Control, Le Paname Brewing Compagny (ils brassent eux-même leurs bières) ou bien encore au Pavillon des Canaux. Son ouverture pour le monde le pousse vers la gastronomie du monde entier : bien évidement il adore les « vrais burgers » comme aux States (chez Blend, au BAB, au Dépanneur,ou les « Currywurst » berlinoises (chez Kiez), mais il aime aussi son petit jap’ de quartier sans oublier sa petite cantine vietnamienne. Il aime son quartier car il y trouve tous les commerces de proximité, il a son « petit boucher », sa « petite boulangerie » et ses marchands préférés sur le marché. Il adore tous les TIERS-LIEUX et autres LIEUX MULTI-DISCIPLINAIRES où il peut à la fois manger, boire, regarder une expo, assister à une pièce de théâtre, travailler… ( La Recyclerie est l’emblême d’un tiers-lieu)
Et pour conclure
Le terme « bobo » est encore aujourd’hui trop connoté de manière péjorative, alors que pour nous (et pour vous, j’espère!) c’est une FIERTÉ d’être bobo, on le revendique haut et fort.
Si vous voulez approfondir vos connaissances en matière de « Bobos », on vous conseille très fortement le très bon livre de Thomas Legrand « La République Bobo », qui, on ne vous le cache pas, nous a été très utile pour la rédaction de cet article.
Et pour conclure cet article, on laisse les derniers mots à notre chère maire de Paris qui a employé des mots tellement justes, après les attentats de novembre qu’on ne peut que partager :